Le frère Olivier Riaudel, dominicain, est investi dans un apostolat en langue bretonne, avec l’aide occasionnelle du frère René Stéphan. Si Olivier Riaudel est en ce moment en Belgique, nous avons toutefois trouvé cette petite interview sur le site des dominicains, que nous vous partageons ici :
En quoi consiste ton apostolat « bretonnant » ?
– En trois choses: en une participation aux pardons, avec une prédication; en la célébration de messes en breton, que ce soit en Basse-Bretagne ou, une fois par mois, à Rennes ; en l’animation d’un groupe d’aumônerie d’étudiants en breton ; à quoi il faut ajouter diverses activités culturelles.
Comment es-tu arrivé à cet apostolat ?
– Je suis d’origine bretonne. En arrivant au couvent de Rennes, j’ai commencé à m’investir dans l’apprentissage du breton, mais sans projet précis ; puis j’y ai pris un intérêt croissant en même temps que j’ai pris conscience du lien profond entre identité culturelle et identité religieuse. La Bretagne a connu et connaît encore le rejet simultané de l’un et de l’autre, un désir de rupture. Mais dans le mouvement de renaissance culturelle actuel, l’Église a quelque chose à faire, non point pour le récupérer, mais plutôt pour ne pas le laisser dans sa dimension horizontale, culturelle, pour le prolonger vers le spirituel. La mouvance druidique est très minoritaire ; l’Église cependant pourrait être plus présente. Pour la liturgie, la traduction du latin au breton a été faite dès les années 1960, mais la plupart des curés sont passés du latin au français. L’ancien évêque de Vannes, Mgr Courvès, il y a quelques années a donné une belle lettre sur l’histoire du mouvement breton et son rapport, ancien, avec l’Église.
Quel est le public présent à ces célébrations, surtout aux pardons ?
– On constate, et c’est heureux, un mélange des générations, aussi bien pour les pardons qu’aux messes bretonnes de Rennes. Les fidèles ont le sentiment que c’est une fête célébrée chez eux, dans leur chapelle ; ils s’approprient la célébration. Il serait dommage de perdre ce lien! D’autant que les Bretons s’investissent beaucoup dans la restauration des lieux de culte et l’organisation des fêtes. Les pardons sont un des rares lieux, en France, où le christianisme est encore une fonction de la société. Il transcende les contingences parfois conflictuelles des rapports locaux. Bref, nous avons à être présents à ce carrefour vivant de culture et de société.
Source : www.dominicains.fr