Saints bretons à découvrir

Un pardon à ne pas manquer ce week-end: Saint Gildas-des-Bois 2016 (interview du Père Brétéché)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min
Affiche du Pardon de Saint-Gildas des Bois.
Affiche du Pardon de Saint-Gildas des Bois.

Le 3 juillet prochain aura lieu la seconde édition du Pardon de Saint Gildas-des-Bois (Diocèse de Nantes). Cet événement, relancé par le Père Mickael Brétéché l’an passé (cf notre article dédié), a été un véritable succès.

« Les premiers Pardons sont nés avec l’arrivée des moines de Redon à Saint-Gildas-des-Bois (qui s’appelait alors Lampridic), au XIIè siècle. Rapidement, trois Pardons se mettent en place : le 29 janvier, le 11 mai et le 1er juillet, date anniversaire de l’arrivée des reliques de saint Gildas. On y demande à Dieu, par l’intercession de saint Gildas, de délivrer la population de la lèpre et de la folie. Un autre Pardon s’ajoute à ceux-ci en 1595, sous le patronage de saint Sébastien, en raison d’une importante épidémie de lèpre. C’est la jacobine Révolution Française (1793) qui a stoppé les Pardons à Saint-Gildas-des-Bois. Des fêtes paroissiales de belle allure remplacèrent les Pardons jusque dans les année 60-70. Mais l’enracinement culturel était forcément bien moindre : le lien entre la foi et son incarnation humaine et sociale se distendait… » nous confiait le Père Mickaël il y a un an. 

Son arrivée a changé la donne et son enthousiasme a su emporter avec lui les bonnes volontés pour ressusciter le Pardon local et en faire un événement fédérateur attendu. Nul doute que le cru 2016 rencontrera aussi une forte participation, à laquelle nous invitons nos lecteurs à se joindre.

Notre culture bretonne est une merveille de cette juste unité : il suffit de l’embrasser !(P. Brétéché)

Le Père Mickaël a bien voulu répondre à nos questions :

Père Mickael BrétéchéAr Gedour : Père Michael Bretéché, vous avez remis à l’honneur le pardon de St Gildas-des-Bois. Cet événement local attire beaucoup de monde, au-delà des habitants de St Gildas. Comment expliquez-vous cela ? 

Père  Brétéché : En effet, et j’en suis le premier étonné ! Bien sûr, il y a une bonne communication, mais cela ne suffit pas. Un Pardon répond à une attente profonde.  Foi et culture y sont réunies de manière juste et féconde. Et puis nos saints bretons agissent quand on les prie : tout est là.

Nous voyons aussi bien des anciens que des enfants. Le renouveau de ce pardon semble répondre à une certaine demande intergénérationnelle. Qu’en pensez-vous ? 

En effet ! Or beaucoup d’enfants ne connaissaient pas du tout leur propre culture, et pourtant ils viennent ! Normalement, une société est « intergénérationnelle » par nature. C’est une question de vie, de transmission. C’est aussi un signe de la bonté d’un Pardon. Il contribue concrètement à retisser ce que nos gouvernants s’évertuent à détricoter. Les hommes libres naissent de vrais liens générationnels.

Y aura-t-il des cantiques en breton cette année ? 

Oui, comme l’année dernière ! Les cantiques sont en breton, l’ordinaire en latin, et les lectures en Français (c’est une « messe FLB » : français, pardon-verso-saint-gildas-des-boislatin, breton !).Le début et la fin de la procession seront mis en valeur : chaque année, tout cela se met progressivement en place.

L’an passé, vous aviez terminé le fest-noz par une bénédiction. Quel fut l’impact auprès des gens, notamment ceux qui sont parfois loin de l’Église ? 

Très bon ! Vous savez, quand quelque chose sonne juste, on le reçoit. Et puis si un prêtre n’est plus là pour nous bénir, alors pourquoi est-il là ? Cela, tout le monde le pense, et peut-être surtout ceux qui sont loin de l’Église !

Pensez-vous que nos pardons puissent être des lieux d’évangélisation qui peuvent changer les cœurs en profondeurs ? 

L’attraction de ce Pardon et les échos qui s’en suivent au sujet de l’Église, de la foi, manifestent assez qu’il s’agit d’une évangélisation et non d’une « simple fête ». Les saints bretons ont évangélisé et ils continuent ! Changer les cœurs en profondeur appartient à la grâce de Dieu. Pour notre part, nous prenons les moyens pour disposer les cœurs à la grâce. Et de fait, un Pardon (c’est-à-dire Messe-Procession-fest) débloquent bien des choses dans les esprits et les volontés.

Nos paroisses ne devraient-elles pas se baser sur la « recette » de nos pardons, mêlant à la fois le côté religieux et le côté convivial de la fête et ne laissant personne de côté ? 

Sans que nous pensons trop souvent les choses de manière très « ecclésiastique ». Notre foi doit par nature s’incarner dans une culture. Oui, il y a cet axe à tenir et qui est le propre de la foi catholique : l’unité sans confusion entre la nature et la grâce, entre le temporel et le spirituel. Notre culture bretonne est une merveille de cette juste unité : il suffit de l’embrasser !

Un petit mot pour nos lecteurs ? 

Monseigneur Gourvès, lorsqu’il était évêque de Vannes, avait écrit une lettre pastorale sur le lien entre la foi et la culture bretonne (cf via ce lien). Il est bon de la relire, et de vivre ce lien sans complexe : La culture bretonne est profondément catholique. La « laïciser », reviendrait à lui retirer son âme. Il est bon que nos paroisses reprennent ce flambeau !

Vous appréciez nos articles. Merci de nous aider !

– Messe à 10h30 suivie de la procession avec bannières et reliques, ainsi que la participation des bagadoù de Redon et Orvault – Fest-Deiz puis Fest-Noz (avec Plantec en tête d’affiche)

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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