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Vers un missel corse. L’exemple breton ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

corse.pngLe Diocèse d’Ajaccio vient de relancer la commission pour la langue corse dans la liturgie. L »objectif est d’avoir un missel in lingua nustrale. Quelques semaines après la résurrection du Christ, lors de la fête de Pentecôte, les Apôtres de Jésus ont proclamé les merveilles de Dieu à tous les Juifs présents à Jérusalem. Le livre des Actes nous rapporte que les Douze parlaient d’autres langues que la leur, et que chacun des fils d’Israël entendait la Bonne Nouvelle dans l’idiome de sa nation. (Actes 2, 4.6)

Si les langues dites liturgiques, le grec, le latin et le slavon ont eu un grand succès, le souci de la participation du Peuple de Dieu aux célébrations ecclésiales a toujours été présent dans l’Église. Dans la constitution sur la liturgie du Concile Vatican II, on lit ceci : « Soit dans la messe, soit dans l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple. » (Sacrosanctum Concilium § 36)

Comment mettre en pratique cette recommandation en Corse ? La question de la langue est sensible dans notre île, le débat autour de la coofficialité du français et du corse en témoigne. Alors, quelle est la position de l’Église ? L’Église poursuit tout simplement la recherche de la vérité et de la paix. Recherche de la vérité ? Il existe un bilinguisme de fait dans notre région. En caricaturant un peu, le français est plutôt la langue de la communication ordinaire, le corse plutôt l’expression de l’identité, des liens familiaux, du cœur. Il y a des petites phrases qu’on dira ne qu’en corse… Combien de fois ai-je entendu au cimetière : « Riposa in pace ! » Or la liturgie exprime avec émotion l’amour des baptisés pour le Christ…

Recherche de la paix et de la vérité

Recherche de la paix ? Alors que la question de la langue corse dans notre société insulaire a longtemps nourri des querelles politiques, l’Église veut travailler à l’harmonie et à la réconciliation entre les hommes. Que l’Église utilise de façon détendue le corse, comme elle utilise le français, le latin et l’italien ne peut que favoriser une coexistence apaisée du corse et du français dans notre île.

Lors du Riacquistu culturel des années 70, Mgr Jean-Charles Thomas, alors évêque d’Ajaccio, a mis en place une commission diocésaine pour établir un missel en langue corse. Cette commission, dirigée par le vicaire général, Mgr Giudicelli, a préparé un livret intitulé Messa nustrale – messa rumana in lingua corsa, livret publié en mai 1976. N’y figurait que l’ordinaire de la messe, ainsi que les oraisons et les évangiles de quelques fêtes et des funérailles. Mgr Thomas précisait toutefois dans la préface de ce missel : « L’emploi du latin sera maintenu pour la Prière eucharistique. »

Depuis, de façon constante, des parties de la messe ont été célébrées en langue corse à diverses occasions, fêtes patronales, messes de confréries, etc. Néanmoins, la procédure de reconnaissance officielle du missel corse par la Congrégation romaine pour le culte divin n’a jamais été mise en place. C’est pourquoi, à la suite du rassemblement des confréries à Corte autour de notre évêque, le 15 décembre 2012, quelques chrétiens de notre île, essentiellement des confrères, ont souhaité mettre en œuvre cette procédure de reconnaissance d’un missel en langue corse par Rome. Il serait trop long d’en décrire ici les étapes successives, définies par une instruction romaine de 2001.

L’exemple breton

Bénéficiant de l’expérience de quinze années de travail ayant abouti à la reconnaissance romaine du missel en langue bretonne, une commission diocésaine se met en place pour notre île : elle se réunit à Corte le 26 avril prochain. Elle va disposer d’une traduction corse du missel français de 1971, établie pour les dimanches et fêtes par Pierre Bertoni, confrère de Calvi et professeur de langue et culture corses. Son premier travail consistera à réviser ce texte à partir de la version officielle latine la plus récente du missel romain : l’editio typica 2002, emendata 2008.

Voici la composition de cette commission. Pour le clergé : le P. Jean-Yves Coeroli, vicaire général ; MM. Antoine Peretti et François-Aimé Arrighi, diacres. Membres laïcs : Mme Michelle Testori, professeur certifiée de lettres classiques ; M. Jacques Fusina, professeur émérite des universités, docteur ès lettres et en sciences de l’éducation, écrivain polygraphe ; MM. Jean-Baptiste Paoli, Marcel Jureczek et Pierre Bertoni, tous trois professeurs certifiés de langue et culture corses.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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