Salve Splendor extrait de l’Antiphonaire d’Inchcolm (Ecosse, 13ème siècle), plain chant celtique accompagné à la harpe celtique ancienne à cordes de bronze an accord pythagoricien, par Violaine Mayor et Joël Herrou. Ce chant fait partie d’un office à saint Columba de Iona (520-597), dont la fête est célébrée le 9 juin.
« Salve Splendor et patrone Iubarque iusticie Ortodoxe doctor bone Pastor et vas gracie ! O Columba columbine Felicis memorie Tue fac nos sine fine Coheredes glorie. » « Salut splendeur et gloire de la justice protectrice Salut maître de la voie droite, Salut berger et réceptacle de la grâce ! O Columba à la colombe, Heureux de ta mémoire, fais de nous les héritiers de ta gloire. »
La harpe (telenn en breton) plonge ses racines dans la nuit des temps. Elle a toujours été protégée par la société celtique pour ses propriétés apaisantes et unifiantes. La harpe celtique historique se caractérise par ses proportions géométriques parfaites, sa caisse creusée dans un seul bloc de saule et ses cordes de bronze jouées avec les ongles. Cette facture lui confère une sonorité très pure à la fois profonde et cristalline, douce et pénétrante. Dans notre quête du son, nous avons reproduit les instruments historiques du Moyen Age et recherché ses répertoires. C’est ainsi que nous avons remis à jour des manuscrits inédits remontant aux premiers moines celtiques du 6ème siècle, car la harpe, instrument des druides, accompagnait la liturgie de l’église celtique des premiers siècles. A notre époque de bouleversements, où l’Occident est en attente légitime d’une spiritualité authentique, la redécouverte de ce répertoire empreint de la sagesse fraîche, vivante et libre de nos Anciens, est profondément émouvante et chargée d’espoir pour l’avenir.
L’antiphonaire d’Inchcolm est un manuscrit inédit, copié au 13ème siècle en Ecosse à l’abbaye d’Inchcolm, fille de l’Abbaye de Iona, contenant des chants originaux dans l’histoire du plain chant. Ces chants, probablement composés entre le 7ème et le 9ème siècles à Iona, sont dédiés à Saint Columba. Au 6ème siècle, Columba ou Columcille, de la famille royale des O’Neill, éduqué dans les écoles bardiques, s’exila de son Irlande natale pour fonder sur l’île de Iona dans les Hébrides une abbaye qui devint le centre du christianisme celtique. Les premiers moines celtiques furent eux-mêmes des fili, poètes érudits de la classe druidique, héritiers de l’enseignement spirituel aux fondement du christianisme : l’homme est de nature divine et appelé à retrouver son unité avec le divin, par le travail intérieur et la communion avec la nature. Les monastères celtiques, centres d’érudition et d’éducation, rayonneront sur l’Europe médiévale pendant plusieurs siècles et l’église celtique conservera son identité jusque très tard dans le Moyen Age, face à l’hégémonie romaine. L’ « antiphone » précédant les psaumes était un espace de liberté dans le cadre d’une liturgie réglée, dans lequel les moines pouvaient exprimer leur « tradition locale ». La composition de Salve Splendor est caractéristique du système musical de la harpe celtique ancienne à cordes de bronze, basé sur le cycle des quintes. L’écriture du texte fait appel à des règles de poésie nées chez ces moines poètes du 6ème siècle qui maîtrisaient les règles de la poésie celtique héroïque, et les combinèrent avec la rime finale issue du latin. Ces règles complexes mettant en œuvre la rime, l’allitération, la consonance et la rime interne, furent appliquées aussi bien en latin qu’en gaélique et en breton, et on en retrouve encore la trace dans certaines gwerz de la tradition orale de Bretagne.
Ce titre est issu du CD Chant Celtique Sacré de Violaine Mayor et Joël Herrou, enregistré en 2006 à la chapelle St Gildas de Carnoët, Hent Telenn Breizh/Coop Breizh, réédition 2018. Vous pouvez commander ce disque via ce lien : https://www.henttelenn.bzh/
Prise de son : Tangi Le Doré Images : Mikaël Herrou Arrangement : Violaine Mayor Facture de harpe : Joël Herrou (Harpes Herrou père et fils) https://www.harpesherrou.fr