INCULTURATION OU ACCULTURATION DE L’EGLISE EN BRETAGNE (par le P. Herménégilde Cadouellan)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 26 min

Suite à l’article d’Yvon Abgrall, intitulé “INCULTURATION OU ACCULTURATION DE L’EGLISE EN BRETAGNE ?” nous avons reçu cette lettre du Père Herménégilde Cadouellan, recteur de Langonnet (diocèse de Vannes), que nous publions ici avec son accord. S’il est long, ce témoignage intéressera cependant un certain nombre de nos lecteurs. La rédaction est heureuse de pouvoir mettre à disposition du plus grand nombre tous ces témoignages, que ce soit ici sous forme d’article, ou via les livres (cf Une vie … des histoires du P. Jean-Paul Cado, ou encore le prochain ouvrage édité par Ar Gedour)

herménégilde cadouellanJ’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’entretien d’Yvon Abgrall  sur le site d’Ar Gedour. J’en ai pris connaissance le dimanche 14 février 2021. Je sais que c’est un sujet complexe. Il y aurait beaucoup à dire sur cet article… Pour ma part, je désire seulement apporter quelques précisions de vocabulaire et quelques précisions  historiques à partir de ma propre expérience dans le diocèse, en Bretagne et ailleurs.

  • Les termes inculturation et acculturation : de nature, je suis assez allergiques aux termes  abstraits  et je cherche à trouver des définitions :

INCULTURATION : L’inculturation est un terme chrétien utilisé en missiologie pour désigner la manière d’adapter l’annonce de l’Évangile dans une culture donnée.

Cette notion est proche, mais sensiblement différente, de l’acculturation en sociologie. En effet, l’acculturation concerne le contact et la relation entre deux cultures, tandis que l’inculturation concerne la rencontre de l’Évangile avec les différentes cultures.

L’acculturation est un concept anthropologique et l’inculturation un concept théologique qui trouve son origine dès le XVIIIe siècle avec la querelle des rites qui avait interpellé les autorités catholiques sur la liturgie utilisée par les jésuites de la Chine.

Pedro Aruppe en donne alors une définition le 14 mars 1978 dans sa Lettre sur l’inculturation :

 « L’inculturation est l’incarnation de la vie et du message chrétiens dans une aire culturelle concrète, en sorte que non seulement cette expérience s’exprime avec les éléments propres de la culture en question (ce ne serait alors qu’une adaptation superficielle), mais encore que cette même expérience se transforme en un principe d’inspiration, à la fois norme et force d’unification, qui transforme et recrée cette culture, étant ainsi à l’origine d’une nouvelle création ».

ACCULTURATION : En sociologie, l’acculturation, ou transport d’idées, désigne les phénomènes qui résultent du contact continu et direct entre groupes d’individus ayant des cultures différentes, ainsi que les changements dans les cultures originelles des deux groupes ou de l’un d’entre eux1. Les processus en jeu dans ces rencontres sont principalement : le décalage culturel, la résistance et l’intégration. Ce concept fait l’objet de recherches en anthropologie, en histoire, en sociologie, en sociolinguistique (diglossie) et en psychologie.

Sa définition classique, proposée par Redfield etc… et adoptée lors du mémorandum du Social Science Research Council de 1936, est : l’ensemble des phénomènes qui résultent d’un contact continu et direct entre des groupes d’individus de cultures différentes et qui entraînent des changements dans les modèles culturels originaux de l’un ou des autres groupes.

     Dans les années 1980, plusieurs chercheurs français (Mbodj, Vasquez ou encore Clanet) soulignent les limites de ce concept. Dans le champ de la psychologie en particulier, Clanet insiste sur la nécessité de repenser la question de la rencontre interculturelle, plus particulièrement celle du changement psycho-culturel, en tenant compte de son caractère complexe, ambivalent et paradoxal. Il est ainsi à l’origine, avec d’autres chercheurs en psychologie interculturelle, d’un nouveau concept, celui d’« interculturation »


LES STRATEGIES D’ACCULTURATION :

1-Dans l’intégration, l’individu veut à la fois maintenir sa culture et son identité d’origine et avoir des contacts avec la société d’accueil. Il participe ainsi à la vie sociale dans la société d’accueil tout en conservant sa culture d’origine. Dans ce cas, il existe plusieurs groupes ethniques distincts, coopérant tous au sein du système social général; le modèle multiculturel canadien en est un exemple (Guimond). L’individu peut alors mélanger les valeurs de sa culture d’origine et celles de la culture de la société d’accueil.

2- Avec l’assimilation, l’individu abandonne son identité et sa culture d’origine et cherche à établir des relations avec la société d’accueil. Il adopte alors la culture de la société d’accueil au détriment de sa culture d’origine. Cela peut conduire à l’absorption du groupe d’acculturation par le groupe dominant. (Sabatier et Berry)

3- Par la séparation, l’individu cherche à conserver son identité et sa culture d’origine, tout en évitant volontairement des interactions ou des relations avec la société d’accueil. Si cette absence de relation avec la société d’accueil est imposée par cette société elle-même, on parlera davantage de « ségrégation ». Comme Berry et Sabatier le font remarquer, c’est l’origine du choix (libre ou imposé) qui détermine ici la stratégie (séparation ou ségrégation).

4-Enfin, la marginalisation conduit l’individu à perdre son identité culturelle sans pouvoir établir des interactions ou des relations avec la société d’accueil. Plusieurs chercheurs parlent dans ce cas d’identité aliénée (Sabatier et Berry). Cette situation est difficile à cerner et s’accompagne de confusion identitaire collective et individuelle, voire d’angoisse. Elle relève plutôt de situations pathologiques et pourrait être le résultat de discrimination et d’exclusion à l’égard de l’individu migrant (Berry

      La simple citation de ces définitions montre la complexité de ces questions qui touchent l’actualité non seulement en Bretagne mais aussi dans le monde actuel en particulier avec les migrations. De même  les questions en débat au Parlement sur les principes républicains ou le séparatisme dans les domaines religieux… En Bretagne que nous le voulions ou pas, nous sommes dans ces réalités depuis longtemps et la diversité des choix n’est pas nouvelle : intégration…assimilation…séparation…marginalisation. Ces choix nos compatriotes et nous-mêmes nous les vivons consciemment ou non, la plupart vivant l’intégration et gardant la culture d’origine mais ici fortement transformée au cours des décades et des années.

A TRAVERS L’HISTOIRE RECENTE, MON EVOLUTION ET MES DECOUVERTES

      Comme dans cette acculturation, le texte d’Yvon Abgrall utilise  le sens inculturation qui est donc un terme chrétien utilisé en missiologie pour désigner la manière d’adapter l’annonce de l’Évangile dans une culture donnée, il m’est possible de rappeler un certain nombre de faits à partir de ma propre expérience et découvertes…

1° Avant la période du concile. Personnellement, je suis né dans la commune de Silfiac entre le pays Pourlet, le Pays de Pontivy, la Cornouaille : une chance pour la connaissance parfois amusée des dialectes et des accents; mes parents m’ont parlé en français dans un milieu, et eux-mêmes, qui parlait breton à longueur de journées. Vers 4 ans, j’ai commencé à parler breton et je me souviens d’une bonne fessée administrée par mon père qui m’avait surpris à parler breton tout seul dans la grange. A l’école, la directrice (originaire de Gouarec), avait fait bon accueil lorsque mon père était venu m’inscrire en 1938 parce que je parlais français. De 1938 au 6 juin 1944, dans cette école publique, je me souviens avoir entendu deux mots de français (dont brenn=jonc) alors que sur la cour et les chemins la plupart parlaient breton. Le symbole, mis en honneur par de jeunes institutrices en 1941 n’a duré que 48 heures sans doute par notre objection de conscience pratique… avant le temps.

     A l’église, le catéchisme avait lieu dans les deux langues selon les choix sans doute des familles (achat des livres)…Comme les séances avaient lieu à l’église (même en plein hiver), la plupart des francisants pouvaient le savoir en breton…

° la liturgie était  bien sûr en latin pour le prêtre. Mais à la messe matine, les présents récitaient le chapelet jusqu’au sermon et ensuite chantaient des cantiques bretons. A la grand-messe, chants grégoriens dont l’ordinaire était chantés par tous ; le propre étant assuré par quelques chanteuses, des anciennes du Tiers-Ordre, et le sacristain Job Ar Panse qui maitrisait à sa façon tout le répertoire, en particulier les nocturnes de l’office des défunts, célébrés lors des obsèques en tenant compte des 3 classes. (Il n’a malheureusement pas été enregistré !) Le sermon était donné en langue bretonne de même que les annonces au prône. Quelques enfants de chœur bien formés, avec leur robe rouge ou noire et leurs surplis blancs apportaient des notes de couleur dans la liturgie.

   Je pense que personnellement, il n’y avait pas de recherche d’inculturation dans cette liturgie. C’est quand un prêtre de la famille m’a offert un petit missel que j’ai compris les textes de la messe (encore que ce ne soit pas le texte liturgique mais des considérations adaptées). Certains paroissien(e)s disposaient sans doute du « Livr Pedenneu, Overen ha Gospereu » de l’Abbé Le Priellec (1927). Une de mes grand-tantes m’a donné le sien. Un trésor !

Au Petit Séminaire de Sainte Anne : J’y suis entré en septembre 1945 après une année à St Yves à Gourin. Saint-Yves, c’était chez les Frères de Ploermel.  Tout était en français et l’ouverture à la foi et à la vie du monde, à la culture étaient formidables pour moi… J’ai pris conscience que le breton était divers avec les copains de Motreff qui étaient cornouaillais, ceux de Kervignac ou Belz qui étaient vannetais.

A Ste Anne : En plus de la découverte de toute cette nouvelle vie de séminariste, l’existence de cours de breton (1 heure par semaine) de la 6ème à la 3ème avec le groupe des bretonnants et les non-bretonnants. Pour le 1er groupe, la découverte des mutations que l’on fait naturellement ; une langue qui possède une grammaire, une syntaxe comme le français, le latin et le grec, des notions d’étymologies communes : héol, solis, Hélios, soleil etc… Le KLT  lors du dernier trimestre avec « Alanig Al Louarn »

Pour la vie liturgique, il y a plusieurs niveaux :

° La liturgie de la basilique avec la chorale (dont je n’ai jamais fait partie) : grégorien, chant choral, chants bretons en partie ; Direction le P. Pierre-Jean Dérian qui mériterait une bibliographie : Locminois, élève au collège de Redon, grand-séminaire à Vannes, maître de chapelle à Ste Anne avec la chorale, ses concerts ses disques, ses relations avec Jef Le Penven, d’autres qui ont joué un rôle dans la renaissance bretonne (Bernard de Parades (de Redon lui aussi), Polig Montjarret et bien d’autres dont quelques abbés facétieux de diocèses au cours des Fêtes de Cornouaille)

° La liturgie quotidienne à la grande chapelle ; en latin mais avec des chants en français et des cantiques bretons (une fois par semaine pour chaque)

° Le liturgie de division de 6ème-5ème : liturgie adaptée pour une véritable inculturation avec les messes dialoguées pendant la messe quotidienne. Effort mené par les surveillants (Emile Le Lannic et Henri Kergoat) et Le Berre.

      Pour le reste de  ces 6 années, nous avons grandi, certains ont découvert des aspects de la culture bretonne au milieu de la culture française dominante (études, chansons). Pour ma part, j’ai découvert JP Calloc’h par une journée pluvieuse d’hiver dans un vieux bouquin abandonné dans un placard. Les idées de culture bretonne nous travaillent avec des débats passionnés pour et contre entre nous.

     En même temps, je constate (à mon profit) à plusieurs signes que nos professeurs sont des tenants de cette culture dont nous découvrirons les richesses et les ressources avec le Bleun-Brug de l’été 1951 qui a lieu à Sainte Anne : richesse  des chants (nombreuses chorales des 3 diocèses, des possibilités d’expressions (concours d’éloquence), de la diversité des costumes, la procession, le grand-messe, le spectacle de l’après-midi gêné par la pluie et l’ambiance sérieuse des conférenciers (deux jours de conférences) et détendue et conviviale des participants…

Au Grand-Séminaire de Vannes : autre atmosphère avec les séminaristes de la partie gallo. Bonne ambiance entre nous avec un projet vocationnel. Mais ambiance où le français est dominant, le chant latin et français dominent ; Chez certains anciens (Gallos et citadins), on sent un ostracisme dans ce domaine ou du moins une profonde ignorance.  Avec, en plus,  une expérience crucifiante pour moi : un séminariste de ma classe à Sainte-Anne me demande de lui traduire le cantique « Jésus, pegen bras é », ce que je fais  par amitié pour lui. Quelques mois après, le maître de chapelle, le P. Cardialiguet nous fait chanter « Jésus, qui vis aux cieux et règne près de Dieu. » Mon ami me dit alors qu’il a remis ma traduction au P.Carda. Chaque fois que je l’entends, j’encaisse dur. Surtout que pour les obsèques de ma Grand’mère qui ne parlait vraiment que le breton, le prêtre avait fait chanter « Jésus, qui vit aux cieux »… J’en ai pleuré.

     Mais, on continue notre formation. Les cours de breton ont lieu, des lectures dans des bouquins que l’on trouve parfois dans les presbytères. Comme la bibliothèque des élèves est très réduite, on se rabat sur l’Histoire de Bretagne de La Borderie… Certains écrivent en breton pour abréger les causeries spirituelles « somnifères ». Nous participons à l’expédition de la revue « Bro Guéned », dirigée par le P. Joachim Le Palud et nous la lisons bien sûr.

Après le service militaire, le P. Madec a les responsabilité des cours de breton et le groupe des volontaires est très dynamique. C’est à cette époque que je rencontre le P. François Falc’hun, professeur à l’époque à l’Université de Rennes et créateur de l’orthographe universitaire que nous avons adoptée. Il est venu faire une conférence à ce sujet au Grand Séminaire.

De plus, le « Pleuc » (groupes où les séminaristes se rassemblaient par Pays le dimanche après-midi ou lors des journées de détente à Penboc’h ou au Vincin) de la Petite Eglise groupant les séminaristes de Gourin/Le Faouët/Guémené et paroisses pourlettes cultivait la danse et la culture surtout jusqu’en 1956 (danses, chants et débats).

Le service militaire (mai 1954/fin avril 1956) représente une nouvelle acculturation avec le français de mise et en Allemagne (Bade-Wurtemberg). C’est surtout le contact avec de jeunes français de différentes régions, de différentes idées et convictions. Je me suis senti très libre en tant que chrétien et en tant que Breton. Discussions très ouvertes dans ces deux domaines. Nous nous étions réunis en tant que Bretons mais très en lien avec d’autres  régions sans exclusives et cela dure jusqu’à présent. Une anecdote lors du peloton de sous-off. Dans notre chambrée, un Gwenn ha du était fixé au plafond. Un soir, on se met d’accord d’amener les couleurs quand le sous-off viendrait nous rendre visite. Il se pointe ; on lui explique que c’est un de nos rites : le salut au Gwenn ha du en silence avant de ramener les couleurs. Et cela s’exécute sérieusement. Quand il est parti, fou rires. Sans doute que lui n’était pas très ferré sur la Bretagne. Je crois  que beaucoup, à travers nous, on découvert notre pays et ses problèmes et la volonté de s’en sortir. Et les liens d’amitié formés ces années ont continué jusqu’à présent…

C’est au retour que j’ai senti que des choses avaient changé, non pas tant au Grand Séminaire mais dans les paroisses. Le diocèse de Vannes a lancé l’année de la Messe en 1955 ou 1956. Celui que Mgr Le Bellec avait nommé responsable était l’abbé Alphonse Alléhaux, Secrétaire général des Œuvres, originaire de Port-Louis. Dans ce projet d’inculturation sans nul doute, chaque paroisse recevait pour chaque dimanche un projet d’animation pour la liturgie de la messe ; présentation, monitions, chants ; tout était en français. Je n’ai malheureusement rien gardé de ces documents. Je pense que la plupart des prêtres les ont utilisés car le travail était mâché. Sans doute aussi, la prédication en breton a commencé à diminuer. Elle a cependant continué dans ma paroisse jusqu’au début des années 1960, même si il y avait alternance : un dimanche sur deux ou sur quatre. Mais le prône était en breton ou bilingue pour des indications financières… Pour ma première grand’messe, début avril 1959, le  sermon était en français.

ORDONNE PRÊTRE

         Je suis ordonné prêtre le 14 mars 1959 avec 11 autres camarades et je suis nommé enseignant au Petit Séminaire de Sainte Anne.

Trois ans d’études supérieures dont deux à la faculté de Rennes avec des professeurs de qualité. Ils seraient tous à citer. Je ne nommerai que Michel Philiponneau, un des penseurs du CELIB et du Plan Breton. Un bain dans une génération jeune qui craignait le départ pour la guerre d’Algérie, marquée par tout le mouvement étudiant en France mais avec,  chez certain, l’attraction vers le renouveau culturel et aussi  politique en Bretagne : Le Mob. Plusieurs de ces étudiants créeront l’UDB (Ronan Leprohon, Cheun Veillard, Hervé Grall, Corentin Canevet …) et j’ai toujours eu des contacts avec eux depuis… De plus, des liens aussi avec l’abbé Hervé Caraës (Saint Pol de Leon), Frère Guy Leclerc (Chateaulin), Yann Talbot (Lannion) que je retrouverai aux G.E.E.S.

III – EVOLUTION GENERALE EN MONDE OCCIDENTAL EUROPEEN

      Je pense qu’il faut situer les problèmes d’inculturation et d’acculturation en Bretagne et ailleurs dans les évolutions qui ont lieu en cette période. Je n’en cite sans doute que quelques-unes, faute de connaissances suffisantes…

1° La progression de la langue française en Bretagne et dans les autres régions d’autres langues

° C’est d’abord le résultat de la politique linguistique continue depuis les années 1880 avec l’école. Cette politique menée porte ses fruits : elle progresse à chaque génération avec les périodes de contacts avec les hommes des autres régions du pays : le service militaire, la guerre 14-18, la guerre 39-45, les guerres coloniales auxquels les Bretons prennent part (c’est une des faces de l’émigration).

L’émigration en général est un autre facteur car les émigrés se dirigent vers des régions francophones même en Bretagne (Lorient, Nantes, Rennes). Pour le moindre poste administratif, il faut connaître le français.

De plus, le sentiment d’infériorité véhiculé pendant tout ce temps fait considérer la langue bretonne comme un poids qui emprisonne et limite. Pour réussir, il faut l’abandonner.

2° Les changements de la société dans les années 1960 : c’est une période de grande évolution.

° Le développement des médias en particulier de la TELEVISION : On peut déplorer le rôle d’Ouest-France dans sa politique générale où le français est de règle. Mais c’est surtout l’entrée en scène de la télé dans les années 1960 qui va généraliser la langue française

° L’enseignement se généralise avec les cours complémentaires, les collèges, les lycées, le développement des universités : Rennes seule en 1962 ; puis  Nantes, Brest, Lorient.

° Le développement de l’agriculture  lié à plusieurs facteurs humains (JAC) et recherches scientifiques transforme les mentalités de tous ceux et celles qui en sont les acteurs. Ils entrent dans un autre univers. La vulgarisation agricole utilise le français, souvent technique. On peut par exemple suivre le développement de l’agriculture dans le Léon et les régions légumières pour s’en faire une petite idée… Les organisations agricoles se développent (Cuma, CETA, Coop etc)

° Dans tous ces domaines et bien d’autres, le développement de ce que l’on nomme l’individualisme progresse et atteint un grand nombre de gens. En Bretagne, chacun voit midi à sa porte et les formes collectives de la vie en société en prennent un coup surtout quand elles sont dominantes comme ce que l’on appelle la civilisation paroissiale dans le Léon. Dans d’autres régions où les idéologies étaient déjà multiples et où les gens devaient choisir leur camp, l’unanimité n’existait plus. Cela n’empêchait pas la vie en commun, le dialogue. Il est intéressant de connaître ces situations pour enrichir sa recherche et sa réflexion.

°  L’évolution des idées religieuses : les chrétiens baignent dans tout ce nouvel univers et en sont marqués. Les conceptions religieuses changent aussi. La paroisse n’est plus le seul univers, ni le recteur le seul chef et intellectuel. Des chrétiens qui vivent dans les équipes des mouvements (JAC qui devient MRJC, MFR qui devient CMR, ACE pour les enfants) apprennent à analyser les situations concrètes et à y répondre; le lien avec l’évangile est recherché même s’il n’est pas toujours facile. Personnellement, j’ai été aumônier du CMR de 1964 à 2012. C’est de fait une des faces de l’inculturation du message évangélique dans le concrets des existences et c’est loin d’être du « hors-sol » ni en Bretagne, ni ailleurs.

° Les mouvements de Mai 1968 : Avec tout ce qu’ils ont provoqué dans la société  et l’Eglise par vagues successives et qui ont éprouvé la profondeur et les racines. Par expérience personnelle, je ne pense pas que ce soit le statu quo qui ait été une sauvegarde mais l’éducation à une liberté personnelle, ce qui recouvre bien des domaines.

3° Le Concile Vatican II (11 octobre 1962-8 décembre 1965) et ses suites… Bien souvent, on lui attribue toutes les difficultés qui vont suivre dans la vie des communautés chrétiennes catholiques, dans la vie culturelle de la Bretagne. La situation est, à mon avis,  plus complexe que cela.

° Le concile a été perçu par beaucoup comme une libération, libération d’obstacles à une évangélisation de nos sociétés contemporaines : utilisation des langues vernaculaires, renouvellement des liturgies et pas seulement de la messe (autres sacrements) mais cela a pris du temps à cause des traductions nécessaires, des diverses commissions… les applications arrivent progressivement (cf. les éditions successives)

° Il y a eu des transformations des églises (place de l’autel, disparitions des chaires, apparition des pupitres), achats de recueils de chants français nouveaux (avec des éditions au plan national) et de réelles réussites, des adaptations dans les paroisses sans prendre le temps d’expliquer… Avec des outrances. Mais dans les années 68, cela s’ajoute aux départs du ministère ou de la vie religieuse, surtout chez les plus jeunes…Le sentiment que tout s’écroule et «fout le camp »…. Et pourtant certains ont tenu. Cela reste le mystère de la foi !

De plus, les éditions en langue françaises disposent de moyens financiers importants : les éditeurs (Mame, Desclée etc). Actuellement, le groupe Bayard qui édite Prions en Eglise. Nous sommes des pauvres et pourtant, nous avons travaillé.

° Le travail des 3 diocèses a permis les traductions en langue bretonne : Des commissions diocésaines se sont mis en place et ont travaillé en commun au moins un certain temps. Vannes et Saint Brieuc ont continué ensemble en tenant compte des variantes dialectales.

– La Kenvreuriez ar Brezoneg (diocèse de Quimper) était organisée en plusieurs groupes de travail en 1971 :

    Une équipe de traducteurs (strollad an troidigeziou), sous la direction du chanoine Pèr-Yann Nedelec, puis du chanoine François Élard,

    Une équipe de musiciens (strollad ar zonerez), sous la direction de l’abbé Roger Abjean, aidé des abbés Alain Seznec et Michel Scouarnec, et de M. François Roudaut, directeur de la chorale « Kenvroiz Dom Mikael » de Plouguerneau,

    Une équipe liturgique, dirigée par l’abbé Job an Irien, « pour rechercher la meilleure manière d’étendre l’usage de la liturgie en breton dans les paroisses »

La Kenvreuriez ar Brezoneg publiera ensuite une traduction des quatre évangiles en 1982 : Aviel Jezuz-Krist, puis des autres livres du Nouveau Testament en 1988 : Testamant Nevez – eil lodenn14.
Depuis 1978, Job An Irien et le Minihi Levenez ont continué à publier bien des œuvres.

  • Les Commission des diocèses de Saint Brieuc et de Vannes ont travaillé avec Quimper, puis seuls et ont publié les ordinaires de la messe en 1971. Saint Brieuc disposaient de traductions de la Bible (Maodez Glanndour pour le Nouveau Testament et les Psaumes (Al Liamm) et Ar Bibl troet  e brezhonek, e kenlabour gant Per ar Gall. Pemp levrenn (1981-1986).(Editions An Tour Tan)
  • La Commission de Vannes a publié : aussi plusieurs ouvrages liturgiques :

° Kanam an Overenn : chants de l’ordinaire de la messe et cantiques (polycopié 19 mai 1970 (Langoned)

° An Overenn-Levr ar beleg dog an aoter (Eglise  de Vannes, 1979 ) avec les 4 prières eucharistiques.

° Gloér de Zoué : An Overenn Santel (Santez Anna Gwéned avec le soutien de la fondation Polignac-Kerjean)

° Gloér de Zoué : ordinaire de la messe-des psaumes et des 84 cantiques (1994) avec 3 cassettes et 2 CD

° La nouvelle édition de 2020

Au total, les équipes diocésaines des diocèses  de Quimper, Saint-Brieuc et Vannes et les équipes ont fait un travail soutenu en lien avec les paroisses qui l’ont bien voulu et des groupes de paroissiens. Des équipes à Rennes et Nantes ont organisé des messes. Et même à Rome, à la paroisse Saint-Yves des Bretons.

4°- LE RENOUVEAU DE LA CULTURE BRETONNE dont le moteur désigné est Alan Stivell, avec le concert à l’Olympia le 28 février 1972 et ses disques dont Renaissance de la Harpe celtique. Mais d’autres comme Glenmor avaient ouvert le sillon bien avant dans une autre veine, plus nationaliste. Lorsque Stivell est reconnu à Paris, les Bretons prennent conscience de leur culture. C’est un trait qu’il faut connaitre et au besoin jouer, ce que nous ne savons pas faire ! Peu à peu on n’a plus honte. Au contraire, les bretons retrouvent leur fierté. « L’identité bretonne » de Ronan Le Coadic est un ouvrage intéressant à ce sujet.

    La jeunesse dans bien des endroits entre dans ce courant. Je le remarque dans l’évolution des GEES sous la présidence de Jean-Pierre Thomin, issu du Bleun-Brug, dans les années 1970 ( cf Des Croisées de Chemins en Bretagne 1960-1975 : Les G.E.E.S -2020).; un autre signe avec la video « Les sabots électriques » de Soazig Danielou (2017) : « Dans les années 70, une bande de jeunes ruraux du Nord-Finistère veulent changer de vie et changer le monde. Leurs parents les rêvent médecins, prêtres ou militaires. Ils préfèrent devenir saltimbanques, « vivre et travailler au pays ». Cela aboutit au groupe « Ar  Vro Bagan »

  • Le détachement religieux d’une large partie de la jeunesse se réalise en même temps. Un certain nombre d’études ont été réalisées mais à mon avis trop générales. Il manque des monographies pour suivre ces évolutions personnelles et collectives … Elles sont différentes aussi suivant les régions et je suis heureux qu’Yvon Tranvouez dans « Bretagne et Religion vol 4 » ait fait place à l’étude du P. Peter Breton, curé de Carhaix : « Nouveau seuil de détachement religieux et perspectives d’avenir. Réflexions d’un acteur de terrain en Centre-Finistère » pp 90-108.On y trouve d’autres expériences et des témoignages qui donnent droit aux divers visages de l’Eglise en Bretagne même s’ils ne correspondent pas à notre sensibilité.

EN GUISE DE CONCLUSION

     Après ce long parcours historico-personnel, je dis simplement que comme prêtre participant à la culture bretonne dans le diocèse de Vannes et en Bretagne, j’ai rencontré de nombreuses équipes d’hommes et de femmes qui ont participé à ce travail avec leurs qualités et leur formation et j’en bénéficie ici maintenant à Langonnet et cela date des années 1960 et ne s’est pas fait en un jour. Les membres de Santez Anna Gwéned ont joué et jouent leur rôle et d’autres plus dispersés dans le diocèse. La dispersion, les petits groupes, cela doit faire partie de nos gênes. Et cela doit dater de bien longtemps (cf Buez ar Zent). Mais ils sont capables de se reconnaître et de se rassembler de temps en temps et cela avec plaisir

   Je suis aussi émerveillé par les différentes initiatives qui sont apparues en Bretagne  et qui continuent leur ouvrage. Je parle des chorales et groupes musicaux. Chez nous, Kanerion Pleuigner et maintenant Kaloneu Derv Bro Pondi. L’Académie de Musique de Sainte-Anne d’Auray est un centre important pour les formations poussées en différentes disciplines. Le travail de Minihi Levenez avec Job An Irien pour la liturgie, le chant, la culture.

Souvent, ce sont des groupes actifs, proches du terrain, peu nombreux peut-être chacun, sans de grands moyens financiers mais ils existent et travaillent… Difficile d’en faire une liste exhaustive.  S’ils se connaissent, s’apprécient et se soutiennent, c’est l’essentiel. Quelle vitalité ! Le terme « bèruidant ! » « bervidant ! » convient. Quelle chance nous avons !

Nous avons aussi la chance de bénéficier du travail d’AR GEDOUR Mag, « A sa genèse, Ar Gedour Mag était un kannadig papier tiré à quelques exemplaires, organe interne du mouvement des Gedourion. Ce format papier n’existe plus pour des raisons de coûts, des raisons pratiques et une volonté de diffusion avec les outils actuels…. » Il a grandi et c’est heureux.

C’est un lien entre des gens qui travaillent pour la culture et l’évangélisation qui était le but initial des GEDOURION AR MINTIN. Il touche sans doute bien d’autres que des chrétiens. Et nous avons toujours à faire.

Notre Bretagne a évolué depuis 1950 mais elle est là et les Bretons n’ont plus honte. Nous sommes sans doute intégrés dans l’espace français et dans le monde. Pas question d’être séparés ou marginalisés, pas plus que d’être assimilés. Nous avons à danser notre danse dans la ronde du monde. Au travail ! Labour zo, Paotred ha Merhed  Breizh !

Tant que vous êtes là, nous avons quelques mots à vous dire. Ar Gedour développe sans cesse des projets pour Dieu et la Bretagne. Tout ce travail est assuré par des bénévoles, mais nos charges représentent un coût important. Vos dons sont donc  d’une aide précieuse.

Optez pour un don à Ar Gedour, déductible de vos impôts selon les conditions habituelles. Trugarez deoc’h !



À propos du rédacteur Père Herménégilde Cadouellan

Le Père Herménégilde Cadouellan est recteur de l'ensemble paroissial de Langonnet (Diocèse de Vannes). Son travail sur le christianisme celtique et l'inculturation bretonne est important. Son engagement sur le terrain et au sein de la commission diocésaine pour la pastorale du breton fait de lui un acteur incontournable de la dimension "Feiz & Breizh"

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11 Commentaires

  1. Merci, grand merci pour cet article, j’ai eu grand plaisir à vous lire et je pense que je me servirai de ce texte dans le futur pour expliquer aux gens ce qu’être Breton au XXIème siècle veut dire. Mon père ne voulait pas que nous parlions breton il avait été humilié depuis son plus jeune âge sur les bancs de l’école et si nous avons été immergés un moment dans la langue bretonne chez mes grands parents ça n’a pas duré car nous sommes allés en ville rapidement.
    M’exprimer correctement en breton me manque, la vie a fait de moi un exilé je n’ai plus eu l’occasion ni d’entendre ni de parler notre langue, c’est mon regret.
    Merci encore.

  2. de penguilly marie alix

    merci pour cet article fort intéressant
    à qui la faute en partie de la disparition de la langue breton ?
    il suffit de lire le livre de Y.Caouissin Vie et Ouevre de l’Abbé Yann-Vari Perrot pour comprendre !!

  3. Pennad-skrid hired awalc’h ha sklaerijennus tre.
    Un evezhiadenn da gentañ: daoust hag “acculturation” ne signifie ket “sans culture, price de sa culture” pa sonjer eo un “alpha privatif”

    Eil evezhiadenn: gwir eo ha n’eus ket da dortal donedigezh an TV e Galleg ,nemetken, er Vro-ni deus rivinet implij ar Brezhoneg e mesk ar vrezhonegerien gwerinel. An dra se a zo bet espeskaer gant ar gouarnamant e Paris gant ar memes sonj: peurachuin an uniformite yezhourel er Frans a-bezh. Er memes koulz e vije heuliet gant broioú all en Europa ur politikerezh -mirout bev ha modern e-kenver a yezhou “minolerezet”: Sami e Norvegia, Kembraeg e Bro-Saoz..Kroueet eo bet evit chadennoú gant programmoú ken modern hag ar re vijent skignet war ar chadennoú “yezh ar Vro”.
    A-zivout ar re hag o deus sunet da vat evit klask rein e blas d’ar Brezhoneg er bobl ret eo menegiñ An Tad Herrieu e Bro an Alre , ar Person Buhulien gant e gazetennig “Barr Heol” , An Abbad Floc’h e Bro Dreger ha meur a hini c’hoaz. Tout ar re se o deus labouret a-enep konformism al levezon ofisiel.

    • On peut effectivement se féliciter de ce qu’une partie non négligeable des Bretons n’aient plus honte d’eux-mêmes (Sans doute fallait-il le signaler ici, car la honte de soi est un handicape terrible dans la vie d’un homme).
      Pour ma part j’aurai néanmoins bien du mal à me contenter de cela. Tout d’abord, parce que ces ”bretons fiers d’eux-mêmes” sont aujourd’hui des bretons ”à poils”, si vous permettez l’expression. C’est à dire des personnes complètement alignées dans leur expression, dans leur mode de vie et dans leur système de valeurs sur la société de consommation, la culture anglo-américaine globalisée, et la fausse philosophie des ”Lumières” destructrice de tout ce que nous sommes, et de tout ce que nous avons toujours été !
      Autrement dit, et pour parler plus clairement, nous sommes aujourd’hui face à une Bretagne presque réduite à néant : un peuple breton cplt soumis au lois du marché, majoritairement débretonnisé et déchristianisé. Car chez nous, les dégâts en terme de transmission on été bcp plus profonds et plus violents dans les esprits que partout ailleurs. Inutile de ce le cacher : dans leur histoire récente, les Bretons ont particulièrement morflés. Et les évolutions récentes ne peuvent servir de prétexte à tout occulter.

      Deuxièmement cette “fierté retrouvée” est-elle positive ? Pousse-t’elle les Bretons à renouer avec ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être ? C’est à dire un peuple enraciné et chrétien. J’affirme pour ma part, que cette fausse fierté retrouvée qui ne produit rien est un leurre parce que totalement stérile !
      Très franchement, on ne peut pas dire que le désir de réappropriation culturelle ou spirituelle soit l’apanage de cette génération. Comment pourrait-il l’être ? Comment pourrait-il désirer quelque chose qu’il n’ont jamais connu, quelque chose dont il ignore jusqu’à l’existence même ?

      La fierté retrouvée à depuis longtemps cédée le terrain à l’indifférentisme et au je-m’en-foutisme ambiant. Après le déni et la honte collective, voici venu le temps de l’amnésie générale. Merci aussi de cesser de confondre l’espoir légitime d’une fierté retrouvée et cette “putain” de mentalité de consommateur-jouisseur qui finira bien par détruire complètement le peu qui reste. Car la culture bretonne ne peut être réduite à un énième prétexte à faire la fête !
      Troisièmement, et je crois avoir lu la phrase suivante quelque part sur ce site : la Bretagne est d’abord et avant tout une nation spirituelle, et le nier c’est empêcher tout espoir de résurrection prochaine.
      Un mouvement ”breton” trop marqué à gauche et généralement matérialiste athée déconnecter de la base fini de verrouiller cplt le système.

      • Cessez donc de gémir, la Bretagne n’est pas encore terre d’Islam que je sache. Qu’est ce que vous voulez de plus à la fin ?

      • Vincent, vous mettez en évidence des éléments qui, de fait, décrivent, au moins en partie, la situation actuelle:
        ° des gens alignés sur la culture ambiante, mondialisée etc…
        ° une fierté “retrouvée” incapable de retrouver ce qu’elle n’aurait jamais cesser d’être: “un peuple enracinée et chrétien”.
        ° ” La Bretagne est d’abord et avant tout une nation spirituelle” et le nier c’est empêcher tout espoir de résurrection prochaine.
        Mais le texte de départ était un essai de réponse à l’article de Yvon Abgrall. Le but, c’était de montrer l’expérience de certains de ma génération qui, jour après jour, ont essayé de vivre leur vie de Bretons chrétiens dans un monde européen et globalisé. Ce n’est pas toujours facile. Il faut appartenir à des groupes qui veulent avancer ensemble: la formule “Voir, analyser, agir” est un bon moyen d’avancer avec des imperfections sans doute mais on est vivant, on rencontre d’autres. Se lamenter sur sa situation ou sa solitude, ce n’est pas une façon de vivre, du moins pas la mienne!
        De plus et ce qui m’a décidé à faire cet article, c’est le procès fait à ceux qui nous ont précédés: l’Eglise, le Concile Vatican II… Ce procès qui nous ramène soixante ans et plus en arrière ne m’intéresse pas… J’ai eu la chance de rencontrer des hommes et des femmes adultes à cette époque et qui ont fait leur possible pour nous donner des moyens pour avancer. Merci à eux.
        Aidons ceux qui sont plus jeunes à découvrir ce qu’ils ont mis en lumière. De fait, le patrimoine n’est pas un ensemble de monuments en pierre ou en papier ou en notes de musique mais l’esprit qui animait ces artistes, ces écrivains. Si on ne le découvre pas et fait découvrir à ceux qui visitent, les pierres ne parleront pas plus profondément que les ruines de l’Acropole.
        Surtout ne vous découragez pas. Je crois que notre Histoire est issue de cet effort toujours recommencé sur ce qui semble parfois un tas de ruines.
        Pour moi qui suis chrétien, c’est la même chose. L’arrivée de Jésus en Galilée (cf l”évangile de S. Marc de ce dimanche) nous le rappelle:” il partit proclamer l’Evangile de Dieu. Les temps sont accomplis. Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’évangile”…Il était seul, il en appela 4 puis 12, puis 72 et nous sommes là aujourd’hui… Ne nous lamentons pas, prions et agissons avec d’autres. On ne construira pas une cathédrale mais une chapelle ce sera déjà bien!

        • _ En fait, Mr l’abbé, mon propos était d’abord une mise en garde tournée vers ceux qui sous le fallacieux prétexte de la réinventer, réduisent un peu trop rapidement la culture bretonne et l’instrumentalisation qu’ils en font en de nouvelles occasions de faire du commerce et du divertissement facile. Dans ce contexte-là, la ”fierté retrouvée” devient vite entre leurs mains un argument commercial de premier choix.

          Hors la Bretagne ne saurait être réduite à une simple attraction touristique, sans risquer de nier un peu plus encore son histoire, son patrimoine et son héritage spirituel. Héritage spirituel sans lequel elle ne peut d’ailleurs pas exister. A ce titre je n’oublie pas ceux et celles qui comme vous, la font vivre au quotidien, en incitant jour après jour à la conversion des cœurs, à la sanctification des âmes.
          Amitiés fraternelles en Christ. Que Dieu vous garde.

  4. Merci pour toutes ces précisions, mais j’estime important de recentrer le débat. Il me semble que les jeunes pratiquants, en Bretagne ou ailleurs, souhaiteraient aujourd’hui une application plus honnête des règles et recommandations du dernier Concile en matière liturgique. Cette demande persistante et bien légitime va encore s’amplifier dans le temps puisqu’elle va dans le sens de ce que l’Église requiert.
    Aussi ne serait-il pas temps de la prendre en compte ?
    Pourtant vous en conviendrez, ces mêmes textes et recommandations conciliaires n’imposent jamais de célébrer partout et tout le temps une messe désacralisée à l’envers en français ! Au contraire.
    Chacun pourra désormais le vérifier par lui-même
    http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/ccdds/documents/rc_con_ccdds_doc_20030317_ordinamento-messale_fr.html

  5. merci vincent, je suis tres proche de ce que vous dites ,ernest RENAN n,a pas eu tord quand il a dit que la religion est nécéssaire pour le coeur mais ;pour la raison ,inutile ;nous ne devons pas la renier ,elle a été la compagne de nos ancetres et elle a marqué le paysage , les hommes de ce jour ,s,ils sont honnetes ,ne peuvent olus y croire les grecs ,les romains les celtes sont disparus ,il reste leurs oeuvres ; nous aussi ,agissons pour transmettre . jacques ….

  6. Merci cher ami pour vos remerciements, mais je crains de ne pas bien saisir le fond
    de votre pensée. Convoquer tout à la fois les romains, les celtes et… Ernest Renan
    à notre discussion ! Enfin, pourquoi pas, même si ça donne un peu le vertige.

  7. ☺ Moi non plus, je ne voi$ pas très bien ce que Renan vient faire dans cette histoire !
    D’autant plus qu’il est certain qu’on ne pourra jamais accéder à une intelligence parfaite
    des réalités terrestres sans en passer d’abord par Dieu.
    Ne l’oublions pas, le créateur de l’univers est aussi à l’origine de la raison humaine. En effet, notre intelligence est un don de Dieu. On ne peut donc pas opposé la foi et la raison, sans risquer de se fourvoyer complètement. Ce que font nos contemporains justement,
    à l’image de ce pauvre Ernest !

    Mais ce n’était pas l’objet de cet excellent article proposé par le Père Cadouellan.
    Je pense qu’il ne me contredira pas quand je dis qu’avant de penser à changer le monde,
    il urgent de changer les cœurs. Pour y parvenir rapidement je propose une méthode
    qui marche : confession fréquente et chapelet quotidien.
    Salutation au Père Cadouellan.

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