Quand certains prennent la musique bretonne pour un art d’arrière-garde, quand d’autres pensent que le biniou, les bagadoù et « se tenir par le p’tit doigt » sont les uniques mamelles de la Bretagne folklorique, l’accordéon chromatique de Régis Huiban vient sonner le glas d’un apprêt à penser touristique ou jacobin. Avec lui, le son du bal musette se transforme en suite jazzy des noires montagnes ou en gwerzioù nostalgiques d’un pays du Roi Morvan redécouvert, ses doigts s’envolant sur le clavier noir-ivoire comme ceux du barde sur la harpe cristalline. De la « Danse du loup » à « Loeiz ar Ravaleg » en passant par « le Grand Pont », Régis à la voix chimérique nous transporte dans une complainte nocturne, redonnant au piano à bretelle une destination nouvelle : celle de renaître et de devenir instrument dynamique d’un jazz authentiquement breton, toujours parfaitement accompagné de ses fidèles comparses.
Eflamm Caouissin