Il y a quelques mois, lors d’une réédition, de l’ouvrage L’INCONNU ME DEVORE, de Xavier Grall, nous invitions nos lecteurs à découvrir cette oeuvre lumineuse et à la faire connaître au plus grand nombre.
Ce témoignage de foi et d’amour, ode à la création livrée sans pudeur et dans le langage direct propre au poète, est poignant. Bouleversant. A tel point que chacun peut se reconnaître dans ses lignes au parfum de bruyère et de granit, entre lesquelles se glissent quelques éclats d’embruns. Cabossé de la vie ou homme heureux, femme de bonheur ou croyant d’infortune, athée convaincu ou agnostique au doute prégnant, catholique de naissance ou nouveau converti, pasteur authentique ou clerc fonctionnaire, laïc désengagé ou missionnaire, génération de sages ou jeunesse des périphéries, petite main des sacristies ou incontournable des paroisses, bigot ou pilier d’église, à chacun s’adresse cet opuscule, dans une époque où nous en avons bien besoin.
A la fois tableau d’une ère qu’on croit révolue mais qui pourtant subit encore aujourd’hui les spasmes des choix d’hier, et portrait d’un monde souhaité que l’on ne trouve pas, qui s’éclaire et se dévoile dans une foi immense, simple et pourtant si difficile à atteindre, parcours d’une vie qui alors que descend le soleil au couchant voit se lever un homme transfiguré. Il tombe et se relève, et l’on ressent qu’à ses côtés le Christ est là comme un Simon de Cyrène.
Une sentinelle sur le granit de Bretagne
Pierre Adrian, qui préfaçait cette réédition en format poche, lançait ainsi :
À quoi bon sortir de l’oubli un livre posthume, publié à Quimper en 1984 ? Un texte de famille, héritage laissé aux « Divines », mot emprunté à Saint-Pol-Roux pour surnommer [ses] filles Catherine, Geneviève, Isabelle, Véronique et Lucie…
En juin 1970, le texte fut refusé par les maisons parisiennes, Calmann-Lévy, le Seuil et Grasset. Xavier écrit alors à son ami Henri Boulard : « Que me reste-t-il, si on me ferme la bouche ? »
Faire connaître, aujourd’hui, L’Inconnu me dévore, c’est lui répondre, quarante ans après sa mort : Tout, Xavier. Il reste encore tout. Il aura passé sa vie à voir la mort, dévoré par l’emphysème pulmonaire. C’est pourtant lui qui écrit : « Il y a dans ce monde une énorme énergie d’amour. »
Xavier Grall est une sentinelle sur le granit de Bretagne. Il prévient des grandes marées. L’Inconnu me dévore supporte le mauvais vent de noroît. Il est de ces livres qu’on ne laisse jamais s’éloigner. Qu’on emporte avec soi comme une lampe-tempête. Il y a trop de lumière pour craindre la nuit. On parle souvent de « livret de chevet ». Mais c’est ici un « livre au chevet » […] Il faut aussi des hommes fragiles pour trouver la consolation. Oui, ce livre m’a consolé. Il me console encore.
Un rendez-vous sur 3 dates à paris
C’est donc avec joie et enthousiasme que nous avons vu quelques personnes se saisir de cette oeuvre pour en faire un spectacle, qui se déclinera sur 3 dates à Paris, en juin prochain. Nous ne pouvons que vous encourager à vous y rendre, et donc à réserver vos places dès aujourd’hui pour être certains de pouvoir assister à ce moment exceptionnel.
Voici ce qu’en dit Vianney Mallein, metteur en scène :
« Mon bon ami, Arnaud Bouthéon m’a offert il y a peu L’Inconnu me dévore. J’ai lu d’une traite ce livre et il ne m’a plus quitté. Il est un trésor que l’on veut partager avec tous les apprentis au difficile métier d’Homme.
La traversée de la vie est un parcours sinueux et pas toujours tranquille. Xavier Grall en sait quelque chose et il veut faire gagner du temps à ces cinq filles qu’il appelle ses « Divines ». Son témoignage écorché, testament spirituel incandescent, s’offre maintenant à nous pour notre temps.
Dans une lecture théâtralisée, j’ai voulu faire entendre cette voix paternelle qui veut transmettre l’Essentiel. N’est-ce pas la vocation de tout Homme de se prolonger en partageant son trésor aux générations nouvelles ? Allez-vous entrer dans la poésie singulière de Xavier Grall ? Entendrez-vous les mots qui consolent les affligés ? Ceux qui plaignent les pauvres athées ? Et aussi ceux qui s’abattent sur les pharisiens, les ecclésiastiques sans flamme, les cléricalistes de tous bords ?
Je voudrai vous emmener dans ce souffle puissant qui anime Grall. Je voudrai vous faire sentir ce vent qui revient aux sources de la foi et qui élève l’âme vers les plus hautes cimes. Ce texte partagé est une urgence, une leçon de vie pour la vie, une invitation à l’allégresse »
Xavier Grall a reçu une éducation catholique et française. Son caractère rebelle lui vaut un parcours scolaire agité. Issu d’une bourgeoisie riche et bien-pensante, il est à la fois privilégié et révolté par un milieu qui censure.
Il «monte» à Paris se former au journalisme et entre en 1952 à La Vie catholique. Il collabore également au journal Le Monde, à l’hebdomadaire Témoignage chrétien…
Catholique et rebelle mais également volontiers polémiste, il consacre des livres à Mauriac, Bernanos, James Dean ou Arthur Rimbaud.
Xavier Grall «redevient breton» lorsqu’il quitte Paris en 1973, pour retourner définitivement dans sa région. Son œuvre mystique magnifie la Bretagne. Avec ses amis Alain Guel et Glenmor, il fonde les éditions Kelenn puis le journal La Nation bretonne. Renouant avec son passé de chroniqueur, il publie Le Cheval couché, cinglante réponse au « folklorisme fossilisant » du Cheval d’orgueil de Pierre-Jakez Hélias, livre qu’il regrettera par la suite.
Il meurt en 1981 d’un emphysème pulmonaire contracté très jeune. Il est enterré au cimetière de Landivisiau.