Notre précédent article visait à rappeler quelques fondamentaux par rapport à la fonction liturgique du chantre.Le présent article va présenter les critères de choix des chants pour les messes ou cérémonies religieuses.Mais le sujet étant très vaste, nous ne pouvons ici que survoler la question. De nombreux documents existent dans ce domaine, afin d’avoir une vue plus globale et plus précise en matière de chant liturgique et de répertoire. C’est notamment sur ces documents que nous nous appuierons pour cet article.
Pour ne parler que de son usage à la messe, la liturgie catholique utilise beaucoup le chant. Non pas comme « ornement » ou pour remplir des silences mais bien pour porter la prière des fidèles, pour donner plus d’éclat à la liturgie. Ne l’oublions pas, le chant est une prière : « chanter c’est prier deux fois » disait Saint Augustin.
« Lorsque l’Église prie, chante ou agit, la foi des participants est nourrie, les âmes s’élèvent vers Dieu pour lui rendre un hommage spirituel et recevoir sa grâce avec plus d’abondance » (Sacrosanctum concilium,§33).
Le choix judicieux des chants pour la liturgie et en particulier pour la messe là aussi ne s’improvise pas. Rappelons sans attendre qu’on ne choisi pas un chant parce qu’on l’aime bien, parce que ça fait « jeune » ou parce que la musique est plaisante ou entraînante. On ne choisi pas non plus les chants en fonction des proximités de la paroisse avec telle tendance dans l’Eglise (adepte des chants des années 70, du chant charismatique etc…). De même qu’on ne refuse pas un chant sous prétexte qu’il est jugé « vieux » ou « qu’on ne le chante plus depuis longtemps ». Un chant liturgique se choisi en fonction de plusieurs critères précis et encadrés qui dépassent de loin les champs du ressenti personnelle ou de la volonté d’être « à la mode ».
Ainsi les chants de la messe se choisissent en fonction de 6 critères :
-du temps liturgique ou de la fête (temps de l’Avent, temps Pascal, fête Majeure, fête patronale)
-de l’action liturgique (chant d’entrée, rite pénitentielle, offertoire, communion, chant de sortie)
-du texte qui compose le chant (1)
-de la mélodie (2)
-de ce que propose le célébrant (hé oui le célébrant, le curé de la paroisse à son mot à dire)
-de la forme choisie pour assurer le chant : chants monodiques ou polyphoniques suivant que le chant est assuré par un chantre ou une chorale.
« Le chant et la musique ne sont pas des éléments qui ”accompagnent” le culte ou la prière, ils sont l’expression de la prière elle-même »(P. Étienne Uberall, curé à Strasbourg et chroniqueur à Signes musiques) .
(1) Dans les textes il est plus que nécessaire de refuser ceux médiocres, sans rapport avec la liturgie ou le rite célébré, ou qui comportent des paroles équivoques voir « théologiquement douteuses » pour ne pas dire hérétiques…oui il y en a !
(2) Dans les mélodies il faudra écarter absolument non seulement les airs trop difficiles ou hardi (ambitus de note élevé, modulation excessive du Majeur en mineur, rythme plat, saccadé ou cassé, chromatismes dissonants et répétitifs) mais aussi les mélodies qui par leur rythmique dansante (qui incite à taper dans les mains) s’écartent de la dignité et de la sobriété liturgique ; critères essentielles d’un bon et beau chant liturgique.
Arrivé à ce stade de l’article je recommande fortement aux lecteurs (et à plus forte raison s’ils sont prêtres, séminaristes ou chantre en paroisse) de lire attentivement des documents qui font référence en la matière, Vous les trouverez en allant sur ces sites :
Parce que la plupart des membres d’une assemblée apprennent les chants « à l’oreille » et les retienne à force de les entendre il peut être bon de choisir des chants qui seront utilisés plusieurs dimanches de suite (à condition qu’ils correspondent avec le temps liturgique) afin que les fidèles puissent bien mémoriser la mélodie. Prenons un exemple : Si un chant de communion comporte beaucoup de couplets on pourra en chanter 3 ou 4 un dimanche, puis 3 ou 4 le dimanche suivant.
Il ne s’agit pas d’une routine mais d’une pédagogie du chant.
« La routine ne réside pas dans la musique (surtout si elle est bonne), mais dans notre paresse à nous investir totalement dans l’acte liturgique que porte cette musique. Ce n’est pas le chant qui doit être nouveau, c’est nous qui devons chanter en hommes nouveaux, renouvelés ! » dit le Père Louis Groslambert.
La répétition n’est pas un rabâchage : elle permet à l’assemblée d’être à l’aise.
Pour s’inscrire dans la mémoire, un chant a besoin d’être repris souvent. On craint la routine, mais il y a une bonne routine. C’est celle qui consiste à reconduire et donc à stabiliser les chants qui, localement, conviennent à la communauté, d’une année sur l’autre ou sur le cycle des 3 années liturgiques.
De nombreux recueils de chants sont disponibles à la vente et permettent ainsi de se constituer un répertoire en fonction de plusieurs critères qui seront évoqués dans l’article suivant. Il faut néanmoins faire le tri car tous les chants proposées (y compris ceux mis en avant par les commissions diocésaines ou nationale de musique liturgique ou encore par la Commission épiscopale pour la prière liturgique) ne sont pas forcément de bon goût et adapté à la liturgie. Il ne faut pas non plus hésiter à puiser dans le répertoire du chant ancien (chant grégorien, cantiques populaires et régionaux) comme nous le verrons dans le volet numéro 4 de cette série d’article (article 4/5 « le choix du répertoire » à paraître bientôt sur Ar Gedour).