Saints bretons à découvrir

Lanloup et Saint Loup

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

eglise de lanloupLe nom de la paroisse de Lanloup est composé de Lan=, qui appartient donc aux toponymes bretons anciens. Le patron éponyme de la paroisse est donc Saint Loup, ce qui est le cas normal des paroisses ainsi nommées. Celle-ci se distingue pourtant des autres en ce sens que le saint qu’on y vénère aujourd’hui n’est pas un breton, mais un étranger, Saint Loup, évêque de Troyes.

On explique ce culte insolite par le fait que l’évêque de Troyes, en 429, accompagna Germain l’Auxerrois en Brittanie dans une mission « antipélagienne« . On admet donc que les Bretons auraient conservé une piété particulière à l’égard de ces deux prélats si soucieux de leur endoctrinement.

Cependant, il est avéré que le culte de Germain l’Auxerrois n’est pas ancien chez les Bretons : il n’y date que de l’époque anglo-normande, si bien que le culte de Saint Loup, à Lanloup, serait complètement isolé, et il y a donc lieu de rechercher s’il ne s’adresserait pas à un éponyme breton.

De fait, la généalogie JC5 (EWGT44) nous fait connaître l’existence d’un certain LUIP (=Loep, moderne Loueb), fils de Glywys et donc, entre autres, oncle de Saint Cado.

Il s’agit d’une famille connue et représentée en Bretagne. Glywys, alias Clemens, est le Kloêvis de Treglamus. Parmi ses autres enfants, citons le père de Cado, Gonle (St-Gonlay, 35), Petroc (Lopérec, 29 ; St-Perreux, 56…), Gourei (Plouray, 56 ; Le Gouray, 22), Kernewell (Plouguernevel, 22 et Kernevel, 29), Petr (Ploubezre, 22). Lanloup est à 30 km de Treglamus, 35 km de Ploubezre. Si Lanloup est *LAN=LOUEB, il n’est donc pas isolé.

La réduction de OUE en OU est un phénomène fréquent : les infinitifs modernes en -out, par exemple, sont des réductions de -oet (=oued*). 

Le recours à l’évêque de Troyes n’est donc pas nécessaire pour expliquer le nom de Lanloup.

Notons enfin que l’on connait une forme dérivée du nom de Loueb : c’est Llwybyr, fils de Caw (vieux-breton Loiper). Caw était père de Gildas.

  • Au surplus, cette réduction est attestée en Bretagne pour une forme composée du même nom : COLLOB répond au gallois CYNLWYB. Voir Castellum Collobii, dans la Vie de Saint Goueznou.
  • Photo : église de Lanloup (Wikipédia)

À propos du rédacteur Alan Joseph Raude

Linguiste, historien et hagiographe, il a notamment publié des ouvrages sur l'origine géographique des Bretons armoricains et sur l'histoire linguistique de la Bretagne.

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